Processus de deuil et acceptation


Il n’est pas facile de faire le deuil de ce que nous avons connu avant, tout dépend de l’attitude que nous adopterons. Il est certain que la colère et la déception sont des sentiments humains qu’il ne faut surtout pas occulter.

Comme tout deuil, il est obligatoire de traverser les différentes étapes nécessaires pour pouvoir passer à autre chose. Je ne vous cacherai toutefois pas que j'ai pleuré, beaucoup pleuré avant d'être capable de franchir une autre étape. Certaines personnes vont même jusqu'au suicide après un AVC. Même si ça ne fait pas partie de mes valeurs, je peux très bien les comprendre, car elles sont tout simplement incapables de composer avec les nombreuses difficultés que cette situation engendre. Il ne faut donc pas les juger trop sévèrement. Je vous avouerai que j'ai parfois mes périodes de doutes et de découragement, mais elles durent de moins en moins longtemps, ce qui est un signe que le processus de deuil est sur la bonne voie.

Il ne faut pas s’imaginer que la vie reviendra comme avant l’AVC. Il est nécessaire de s’adapter aux différentes séquelles et de respecter ses nouvelles limites. De plus, il faut maintenant admettre la nécessité de gérer adéquatement son énergie, et ce, quotidiennement.

Dans un premier temps, tout le monde ressent de la colère, de l’incompréhension ou de la tristesse face à qui a été perdu, c’est une étape normale. Personnellement, je me suis dit à plusieurs reprises : « pourquoi moi? » jusqu’à ce que je comprenne qu’il s’agissait d’un accident, au même titre qu’un accident de la route.

Il faut aussi admettre notre besoin des autres, ce qui n’est pas facile pour quelqu’un d’indépendant, comme moi.

Le lâcher-prise, l’acceptation, l’humilité, la gratitude sont, en quelque sorte, des clés qui nous permettrons de passer au travers cette épreuve.

Personnellement, j’ai dû faire, partiellement ou totalement, le deuil des éléments suivants, suite à des recommandations de divers intervenants de l’IRDPQ :


  •   Le travail
Vous savez, le travail prend une grande place dans une vie. Quand je suis allé vider mon bureau de mes effets personnels, c'est comme si, soudainement, j'avais pris conscience que c'était terminé, pour moi, le travail, que ma carrière était maintenant finie. Il est certain que d'être arrêté par le médecin et de prendre la décision d'arrêter par soi-même, sont deux choses bien différentes. J'ai eu beau me préparer à ce moment, avec l'aide de la psychologue de l'IRDPQ, ce fut, malgré tout, difficile de revoir l'endroit et cela a déclenché une charge émotive qui n’a cependant pas duré longtemps. Le travail d’acceptation était déjà bien amorcé. 

  • Les voyages
Pendant l'été 2015, j'avais planifié visiter Londres, au Royaume-Uni. Le matin du 17 août, alors que je devais être à bord de l'avion, j'avouerai que j'étais fort perturbé et c'est ma physiothérapeute qui reçut toute cette colère et cette frustration. Heureusement, cet état ne dura pas plus d'une journée. Je suis conscient que je devrai revoir mes priorités de voyage ainsi que ma façon de voyager. J'envisage, d'ailleurs, un nouveau deuil à faire si l'assureur me confirme que mon état fait en sorte que je ne sois plus assurable pour la durée de futurs déplacements.


  • Mon permis de conduire
C’est, sans contredit, le deuil le plus important, car il touche directement à mon autonomie, alors que je ne souhaite pas être une charge pour ma famille et mes amis. D’ailleurs, comme plusieurs projets dépendaient de ce permis de conduire, je devrai m’orienter différemment et redéfinir mon cheminement de vie. Malgré qu'il faille faire confiance aux spécialistes, je demeure toutefois déçu de l’attitude de la personne qui m’a suivi pendant ce processus. 

Malgré le fait que je conduisais depuis près de quarante ans, il semble que j’avais tous les défauts de la terre en conduisant, ce qui est quand même surprenant. J’aurais pu m’attendre, au moins, à quelques éléments positifs. En fait, quand on veut présenter à quelqu’un ses points négatifs, on aborde, en premier lieu, les points positifs. Je ne sais pas encore si je réessayerai plus tard, car je suis encore en réflexion à ce sujet.

Suivi

J'ai perdu, suite à ma fracture à l'épaule, subie en novembre 2017, mes derniers espoirs de conduire une automobile, à nouveau. En fait, j'avais besoin d'une aide à la conduite (boule et télécommande) pour tourner, plus aisément, le volant avec mon côté davantage fort et précis (le côté gauche). Désormais, je suis aussi dans l'impossibilité d'utiliser mon côté gauche, car j'ai perdu au moins 30% de mes capacités en raison de cette fracture. Cette fois-ci, je devrai en faire le deuil définitivement.

  • Mes différents projets
J'ai toujours eu beaucoup de projets, dont plusieurs devaient se concrétiser lors de ma retraite. D'ailleurs, ce n'est pas de cette façon que j'envisageais ma retraite. Toute mon énergie est consacrée actuellement à ma réadaptation. Je sais que je devrai adapter certains projets et d'autres que je devrai abandonner complètement, mais j'attends toutefois que ma réadaptation soit plus avancée (car elle ne se terminera jamais totalement) avant d'en faire le deuil. En fait, il faut éviter de mettre, trop rapidement, une croix sur nos rêves.

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